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Peter Derie

Bienvenue et merci de visiter mon site. 

Il faut que je retourne avec vous dans les années 1980, lorsque j'avais environ quatorze ans, où j’ai commencé à m’intéresser à la culture arabe comme un passe-temps peu banal, pour m’évader de nos nombreux jours de pluie en Belgique. J’avais tout lu sur les Indiens à la bibliothèque municipale. Sur une autre étagère, un autre continent. C'était le monde arabe. C'est ainsi que tout a commencé.

À dix-sept ans, au début des années 90, j'ai acheté un petit livre “arabe pour les débutants” en voyage scolaire. Et à l'école on parlait soudain de guerre, car la première guerre du Golfe avait commencé avec des images satellites en direct : c'était complètement nouveau à l'époque. J'étais également frappé par la façon dont mon univers de village se sécularisait et voulait embrasser la laïcité, alors qu’un grand nombre de nos musulmans allaient dans une direction totalement opposée. Je ressentais une différence similaire entre la laïcité et la confession à ma maison d’enfance : la famille de mon père considérait l’ordre catholique comme allant de soi, par contre ma mère venait d'un nid rouge à Gand. Dans notre famille ouvrière, nos conversations ne portaient pas sur ce sujet, étant enfant, je cherchais pourtant des mots, devenu adolescent, je réfléchissais aux grandes questions sur la condition humaine. Vous pensez peut-être, à juste titre, que là je suis devenu un activiste, mais cela a pris une forme particulière. Je voulais m’engager en des études de théologie et ensuite améliorer le monde !in wi Le programme contenait aussi une introduction élémentaire à l'Islam. Je voulais aller plus loin alors je me suis inscrit à l’université de Louvain pour des études arabes et islamiques. Les années suivantes je voyageais au Maroc et au Levant. Ainsi, ce qui avait commencé pour moi comme un passe-temps solitaire et un peu exotique, devenais une étude approfondie des langues et des cultures. Dans ce trajet, mon intérêt pour la religion en général, voulant comprendre une idéologie ou un système d’éthique, se réorientait vers le phénomène de la langue religieuse. C'était un choix pour le pouvoir de l'imagination dans les années 90, une époque sans idéologie où rien n'avait d'importance. 

 Un tel choix était encore assez rare à ce moment, mais les événements du 11 septembre 2001 et leur médiatisation l'ont porté au premier plan. Je me suis rendu compte que mon intérêt pour les sciences de religion et la culture arabe était à la fois pertinent et dans l'air du temps. C'est pourquoi que je me suis engagé dans le journalisme, dans la formation culturelle et depuis l’année 2000 dans l'enseignement des langues.

Mon début dans le monde de l'enseignement s'est fait par le plus grand des hasards mais à ma grande surprise, ce fut un véritable plaisir que pouvoir de partager mon enthousiasme. Le public des cours d'arabe se compose d'élèves aux profils bien différents : parfois il s’agit d’un membre d’un couple mixte, parfois d’assistants sociaux confrontés quotidiennement à une population arabe et à des enfants d'immigrés nés en Belgique qui entendent leurs parents parler l'arabe à la maison ; parfois aussi il s’agit de fanas de la langue, de policiers, de personnes intéressées par la religion, d’enseignants ou qui sait…, de vous peut-être, cher lecteur, qui entendez parler l'arabe dans le cadre de votre travail ou autour de vous. J'ai débuté dans ce que l'on appelle les "centres d'éducation pour adultes" ; actuellement, j'enseigne au Centre des Langues de l'Université de Gand.
En outre, j’ai pu constater que certains de mes étudiants s'inscrivaient dans des buts culturels spécifiques. C'est pourquoi j'ai créé dans la période 2005-2015 des programmes de formation culturelle avec des thèmes variés : l'architecture, l'histoire religieuse, l'éthique médicale, l'histoire des arts, les lieux touristiques, les coutumes et les festivals.

Mes recherches ont abouti à plusieurs publications. Dans "À propos du Coran" (2008 — en néerlandais) et "Ce que le Coran dit vraiment " (2016 — en néerlandais), j'ai synthétisé le débat académique qui est en cours sur le contenu, la structure et l'histoire des textes coraniques. Une partie de la discussion porte sur la question de savoir dans quelle mesure les origines et la rédaction des textes coraniques font partie de ce qu'on appelle "l'antiquité tardive", c'est-à-dire les cadres religieux qui existaient déjà antérieurement, mais alors plutôt dans la périphérie de la péninsule arabe. Ainsi la recherche détourne les regards de la société mecqoise et médinoise (traditionnellement présentées comme le berceau de l'Islam). C’est ainsi que j’ai pu prendre connaissance des publications de Jacqueline Chabbi, professeur française émérite qui réfute comme elle dit cette “externalisation” et qui affirme que les symboles et coutumes du monde des bédouins sont sous-estimées dans le cadre historique et littéraire. Actuellement je m’occupe de sous-titrer en néerlandais ses vidéos "Les mots du Coran" (qu’on peut trouver sur Facebook) pour le site "jihadanders". Il s’agit d’un projet en coopération avec l'université de Louvain qui s’adresse aux enseignants et des étudiants mais aussi aux (non)croyants intéressés, et leur propose un contre-discours, contre une approche salafiste des textes coraniques. J'ai également fait d'autres traductions pour ce site web.

 En Flandre, "l’Islam" fait maintenant partie d'un discours social où une position critique a d'abord été considérée comme une sorte de racisme, appelé islamophobie. De même, une approche religieuse du sujet n'était pas appréciée dans notre culture qui voulait la marginaliser comme non pertinente ou pas correcte. Par conséquent l’analyse de l’islam comme phénomène était devenu stéréotypé et tabou. Dans ce contexte, j'ai participé à l’élaboration des lemmes pour le "Vadémécum de l'Islam" (2016), un projet qui se refusait d’enfermer certains thèmes dans une atmosphère de "ne demandez pas, ne dites pas". 

Cette crispation intellectuelle et la découverte de réseaux ISIS bien organisés dans le pays ont provoqué un changement dans l'opinion publique. Je sens que des citoyens flamands vivent actuellement leur nationalisme par opposition à l'Islam en général. Dans ce credo, l'islam est une non-religion bien : un mouvement étranger de crypto-citoyens. 

Quoi qu’il en soit, je n'ai jamais voulu me conformer à une idéologie précise : j'ai plutôt choisi de travailler à l'ancienne, c’est-à-dire d’une manière "descriptive"  et là je jouis de ma liberté personnelle.

Dans l'intervalle, j'ai élaboré deux manuels en néerlandais pour l'arabe parlé (2009, 2012), qui s'inscrivent dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL). Je trouvais que l'arabe était trop souvent enseignée de manière conventionnelle et non pratique. Les manuels présentaient cette langue non indo-européenne comme une sorte de latin classique et emprisonnaient les étudiants novices dans une geôle de grammaire médiévale. J'ai développé d'autres instruments d'enseignement adaptés à une approche orientée vers la pratique, en mettant l'accent sur la compétence communicative et les aptitudes linguistiques. Heureusement, la situation pédagogique a changée grâce aux mouvements migratoires et aux initiatives locales dans les pays arabes sur Internet.

Malgré le changement climatique, nous avons encore pas mal de jours de pluie… . Ce qui m’a permis de commencer à traduire en néerlandais le voyage de Rifa al-Tahtawi à Paris (1826-1831). Il présente une vision arabe sur l'Europe au XIXe siècle - elle est pleine de stéréotypes drôles (et embarrassants!). Une édition française de la prose a déjà été publiée ("l’Or de Paris").

Et puis, autrement, vous pouvez me trouver sur mon vélo de course quelque part en Belgique – ce qui est le sport national chez nous…

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